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En 2025, alors que la scène musicale haïtienne traverse des mutations profondes, une voix familière s’est élevée avec une nouvelle identité, une nouvelle énergie, et surtout, une nouvelle mission. Celle que le grand public connaissait sous le nom d’Anie Alerte est désormais ZILE, un nom porteur de symbole, de résistance et de renaissance. Au-delà du changement artistique, Zile incarne aujourd’hui une vision où la musique rencontre l’engagement civique, écologique et identitaire.

De Anie Alerte à ZILE : la réinvention d’une voix engagée

Changer de nom de scène n’est jamais anodin. Pour Zile, c’est un acte de rupture assumé, mais surtout de transformation. En 2024, après des désaccords publics avec son ancienne équipe de management, elle décide de reprendre le contrôle total de sa carrière. Mais au lieu de simplement repartir de zéro, elle choisit de s’ancrer plus profondément dans l’essence de ce qu’elle défend depuis ses débuts : une musique enracinée dans l’identité haïtienne.

Le nom ZILE, qui signifie « île » en créole, symbolise à la fois la géographie d’Haïti et l’isolement dans lequel le pays est souvent laissé, mais aussi la résilience d’un peuple insulaire qui résiste aux vagues. Son premier projet sous ce nom, l’album “Vwayaj”, témoigne d’un retour à la tradition musicale haïtienne, entre konpa moderne, racines créoles et poésie sociale.

En concert à Montréal le 23 juin 2025, Zile a ému son public par sa présence scénique forte, sa voix intacte, mais surtout par la clarté de son message : la culture est une arme douce pour reconstruire Haïti.

KPK : la mode au service du canal et de l’agriculture

Au-delà de la musique, Zile a surpris en lançant sa propre ligne de vêtements : KPK (Kanal la Pap Kanpe). Plus qu’une marque, il s’agit d’un manifeste textile. Chaque t-shirt, chaque casquette vendue porte un message clair : soutenir le projet de canal à Ouanaminthe, devenu un symbole national de résistance et d’autodétermination.

Zile a décidé d’utiliser les revenus générés par la vente de cette collection pour financer des projets agricoles communautaires. Une partie des profits est directement injectée dans des initiatives locales, dont l’achat d’outils pour les cultivateurs de la zone Nord-Est.

« Mwen pa ka chante sou mizè Ayiti, epi m pa mete men nan batay la. » confiait-elle dans une entrevue. Elle lie désormais sa musique à une action concrète sur le terrain, montrant qu’une artiste peut devenir actrice du développement.

Zile et l’écologie : la plage de Gelée comme scène d’action

Le 31 juillet 2024, Zile a troqué son micro pour des gants de nettoyage. Sur la plage de Gelée, aux Cayes, elle s’est mêlée à des bénévoles pour une vaste opération de nettoyage organisée par un collectif écocitoyen.

L’image d’une artiste populaire, genou à terre, ramassant des déchets plastiques, a fait le tour des réseaux sociaux. Mais pour Zile, ce n’était pas une opération de communication, c’était une action symbolique et nécessaire : « Nou pa ka fè pwomosyon touris, pandan lanmè nou sal. Pwoteksyon anviwònman se batay chak moun. »

Cet engagement s’inscrit dans une volonté de sensibiliser la jeunesse haïtienne à l’écologie, souvent négligée dans les débats publics. Depuis cet événement, Zile a annoncé vouloir intégrer des messages environnementaux dans ses futures chansons, prouvant que l’art peut aussi devenir un outil de plaidoyer pour la nature.

Une nouvelle génération d’artistes conscients

Zile incarne aujourd’hui une nouvelle vague d’artistes haïtiens qui ne se contentent plus de divertir. Elle utilise sa notoriété pour poser des actes concrets, faire entendre des voix invisibles, et défendre une vision d’un pays plus digne, plus propre, plus fier.

En se réinventant, Zile ne s’est pas éloignée de son public : elle s’en est rapprochée, en devenant plus authentique, plus vulnérable, mais aussi plus puissante.

IFY MEDIA continuera de suivre de près ce parcours exemplaire où musique, militantisme et amour de la patrie se mêlent harmonieusement.