Le gouvernement haïtien a décidé de prolonger, une fois de plus, l’état d’urgence sécuritaire sur l’ensemble du territoire national. Cette mesure, effective du 22 décembre 2024 au 21 janvier 2025, vise à intensifier la lutte contre les gangs armés, responsables de l’insécurité grandissante dans le pays. Toutefois, cette décision suscite des réactions mitigées au sein de la population, reflétant à la fois des attentes et des doutes quant à son efficacité réelle.
La prolongation de cet état d’exception a pour objectif principal de permettre aux forces de l’ordre de disposer des moyens nécessaires pour intervenir dans les zones contrôlées par les gangs. Selon les autorités, cette stratégie est essentielle pour restaurer l’ordre et garantir la sécurité des citoyens. « Nous voulons renforcer la protection de la population, surtout en cette période de fêtes de fin d’année », a déclaré un porte-parole de la police nationale d’Haïti (PNH).
Pour certains citoyens, cette mesure est perçue comme un signal positif démontrant la volonté de l’État de reprendre le contrôle du territoire. Abigaïl, étudiante à l’université d’État d’Haïti, partage cet optimisme : « C’est une bonne initiative. Si le gouvernement agit avec détermination, l’état d’urgence peut mobiliser davantage de ressources pour neutraliser les gangs. Cela pourrait marquer un tournant dans la lutte contre l’insécurité. »
Cependant, d’autres Haïtiens expriment un scepticisme profond face à cette décision. Ils estiment que le renouvellement de l’état d’urgence n’est qu’un écran de fumée et doutent de la capacité des autorités à agir concrètement. Jean-Paul, un commerçant de Port-au-Prince, témoigne : « Je ne crois pas que cette mesure changera quoi que ce soit. Cela fait des mois qu’on parle d’état d’urgence, mais les gangs continuent de semer la terreur. Je ne vois pas de réelle volonté de la part des dirigeants. »
En effet, malgré les déclarations du gouvernement, la réalité sur le terrain reste alarmante. Cette semaine encore, des membres de gangs armés ont incendié un hôpital majeur de Port-au-Prince, accentuant le désespoir de nombreuses familles. Cet acte a démontré la persistance et l’impunité des groupes criminels, même sous l’état d’urgence.
Pour de nombreux observateurs, la clé réside dans des actions à long terme. Ils soulignent que le simple renouvellement de l’état d’urgence ne suffira pas à résoudre les problèmes structurels qui alimentent l’insécurité en Haïti. Une stratégie globale incluant des réformes institutionnelles, des investissements dans l’éducation, et la création d’emplois est indispensable pour espérer un retour à la stabilité.
À l’approche des fêtes de fin d’année, la population reste dans l’attente, oscillant entre espoir et résignation. Tandis que certains espèrent que cette nouvelle phase de l’état d’urgence permettra de faire un pas vers la sécurité, d’autres redoutent que les efforts du gouvernement ne se limitent à des mesures temporaires sans réel impact durable.
Ainsi, le renouvellement de l’état d’urgence en Haïti reflète les défis complexes auxquels le pays est confronté. Entre promesses officielles et doutes citoyens, la lutte contre les gangs armés demeure une priorité urgente, mais encore loin d’être pleinement maîtrisée.