La période pascale, au cœur du chaos en Haïti

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La période pascale célébrée en Haïti, comme le veut la tradition, reste l’un des patrimoines haïtiens. Cette année, la population haïtienne semble avoir perdu le goût de la fête, à cause de la violence perpétrée par les groupes armés qui affecte le territoire national.

Attestée depuis le IIe siècle, pâques puisent ses racines dans la pâque juive qui commémore la sortie d’Égypte du peuple hébreu. Les origines de la fête des pâques remontent à l’antiquité, elle est la plus importante et la plus anciennement attestée du christianisme. Le sens de pâque est la victoire de la vie sur la mort. Annuellement, la période pascale appelée également semaine sainte, est célébrée à travers le monde de différentes façon. Les catholiques participent aux rituels religieux, récitent des prières et participent à des processions en pleine rue.

Autrefois en Haïti, l’image n’était pas différente. Les chrétiens catholiques investissaient les rues de la capitale tout en récitant des prières en commémoration à la mort de Jésus Christ. Des bandes de raras se défilent, des marchands ambulants vendaient des poissons, des enfants et adolescents se plongeaient dans le plaisir du cerf volant. Une tradition qui s’efface en raison de la situation sécuritaire du pays.

Les traditions en voie de disparition

Selon de nombreuses personnes, cette année la fête n’est pas au rendez-vous. “Je ne sais même pas si nous sommes en semaine sainte. Mon cœur n’est pas à la fête. Comment fêter si on se retrouve hors de chez soi?” déclare Maryse l’une des rescapés de Gressier. Pour la grande majorité, les mots reste inchangés. Vivre en état de crise c’est la pire de toutes les situations. Des ménages se plaignent de la chèreté de la vie et de l’insécurité infinie “Je ne peux même pas m’offrir du poisson, je n’ai pas à faire de folie pour ce qui est impossible” lâche une jeune femme. Pas de poisson cette année, c’est le mot de passe de la grande majorité.

Hormis les fruits de mer, les produits de première nécessité sont d’autant plus cher. À l’instar de ce constat, nombreux sont ceux qui ne peuvent pas s’en procurer un repas digne en cette période festive et même au quotidien.

En plus des repas, monter les cerfs volants a été l’un des figures emblématiques de la fête des pâques. Partout à travers le territoire national, le ciel était décoré d’un tas de couleur. Des enfants, des adolescents et même des adultes prenait le plaisir, sous le soleil au challenge du cerf volant. Cette année le constat est différent, plus de cerf volant qui voyageait à travers le ciel.

Cependant, le rara, une tradition qui définit la commune de Léogâne est interdit cette année. La situation sécuritaire qui délétère à Gressier, sa commune voisine, a contraint les autorités de la commune de prendre des mesures pour stopper le rara. Un coup dur pour les léogânais. ” Le rara coule dans mes veines, cette année c’est une décision de mauvais goût”, a déclaré cette trentenaire mère de quatre enfants. Contrairement au années précédentes, la population léogânaise se résigne et espère que la paix revienne sur le pays pour que cette tradition ne disparaisse à jamais.

En dépit de la situation difficile du pays, de plus en plus de territoire sont sous le contrôle des gangs armés illégalement, malgré la présence de la Force Multinationale, la population haïtienne ne sait à quel saint se vouer. Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) n’annonce aucunes mesures adéquates pour ramener l’ordre et la paix à travers le territoire national. La fête de pâques en Haïti en 2025, au lieu d’être un moment de réjouissance, devient un moment de peur e de précarité absolue.

Jane Bendjine Snezard ACHILLE

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