La commune de Montrouis, située à une heure de Port-au-Prince, est aujourd’hui le théâtre d’une violence persistante qui plonge ses habitants dans une insécurité chronique. Cette région, autrefois prisée pour son potentiel touristique et ses plages paradisiaques, est désormais frappée par une spirale de violences alarmantes. Le révérend-père Mackendy Célestin, curé de la paroisse Saint Jean-Baptiste de Montrouis, n’a pas caché son désarroi face à cette situation critique. Dans un message audio poignant de près de sept minutes, il a lancé un cri d’alarme pressant, appelant les autorités à intervenir de toute urgence pour prévenir une tragédie imminente.
Depuis trois ans, cette commune vit sous la menace constante des violences liées à un vieux conflit foncier datant de 35 ans. Contrairement à d’autres zones de non-droit où la criminalité est motivée par des enjeux politiques ou économiques, la violence à Montrouis trouve ses racines dans une dispute territoriale qui n’a jamais été résolue. Ce conflit, combiné à l’absence d’intervention judiciaire et sécuritaire, a transformé Montrouis en une zone où la vie humaine est en péril. Le père Mackendy Célestin rapporte que jusqu’à quatre personnes sont assassinées chaque semaine. Rien que cette semaine, le bilan déjà tragique atteint huit morts.

Face à l’indifférence apparente des autorités, le protecteur du citoyen, Me Jean Wilner Morin, a décidé de réagir. Touché par la gravité de la situation exposée par le curé, il a adressé une correspondance officielle au président et aux membres du Conseil supérieur de la police nationale (CSPN). Dans ce document, il a exhorté les responsables de la sécurité publique à enclencher des mécanismes d’enquête et de prévention adaptés. L’objectif est d’éviter que Montrouis ne devienne le théâtre d’un massacre semblable à celui survenu à Pont-Sondé en octobre dernier, dans le département de l’Artibonite.
Le révérend-père Célestin a insisté sur le fait qu’une opération musclée ne suffirait pas pour apaiser la situation. Ce dont Montrouis a besoin, selon lui, c’est d’une présence policière continue pour dissuader les actes criminels et garantir la sécurité des citoyens. Parallèlement, il appelle à une solution judiciaire pour mettre fin au conflit foncier qui alimente la violence. Ce double axe – sécuritaire et judiciaire – est indispensable pour redonner à Montrouis la stabilité et la paix dont elle a cruellement besoin.
Les répercussions de cette insécurité sont également économiques. Les hôtels de plage, autrefois symbole du dynamisme touristique de Montrouis, ont fermé leurs portes, laissant des centaines de personnes sans emploi et contribuant à l’appauvrissement de la région. Les résidents, terrorisés, vivent dans la crainte constante d’être pris pour cible par des assassins qui frappent sans avertissement.
Le père Mackendy Célestin a conclu son message en appelant les autorités à agir sans tarder. Il prévient que l’inaction d’aujourd’hui entraînera des tragédies demain, obligeant ces mêmes responsables à publier des notes de sympathie pour des vies perdues qui auraient pu être sauvées. Son cri d’alarme est un appel à la responsabilité collective et à la prise de décision rapide pour éviter de nouveaux drames.

Il revient désormais aux autorités concernées, en particulier au Conseil supérieur de la police nationale, de démontrer leur engagement envers la sécurité et la justice. Montrouis, avec son potentiel exceptionnel, mérite de retrouver la sérénité. Pour cela, il faut des actions concrètes, immédiates et coordonnées afin d’empêcher une nouvelle catastrophe humaine.