L’Italie inaugure le transfert de migrants vers ses centres en Albanie Une première dans l’Union européenne

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Le lundi 14 octobre 2024, l’Italie a réalisé une étape historique en transférant un groupe de migrants vers des centres de détention situés en Albanie. C’est la première fois qu’un pays membre de l’Union européenne prend une telle mesure, marquant un tournant dans la gestion migratoire en Europe. Cette décision découle d’un accord controversé signé en 2023 entre le gouvernement de Giorgia Meloni, première ministre d’extrême droite en Italie, et les autorités albanaises.

Le premier transfert a eu lieu à bord du navire militaire italien, Libra, qui a quitté l’île de Lampedusa avec à son bord un groupe de migrants provenant du Bangladesh et d’Égypte. Selon les informations fournies par le quotidien La Repubblica, ces hommes seront accueillis dans deux centres en Albanie, où ils pourront soumettre leur demande d’asile. Cette opération intervient dans un contexte de pression migratoire intense à la frontière sud de l’Europe, notamment sur les côtes italiennes.

L’accord italo-albanais, d’une durée de cinq ans, prévoit que les hommes interceptés en mer par la marine italienne ou les garde-côtes, dans les zones de recherche et de sauvetage en eaux internationales, soient transférés en Albanie. Ce projet coûtera environ 160 millions d’euros par an à l’Italie. Les autorités italiennes espèrent ainsi désengorger les centres d’accueil sur leur territoire, notamment ceux situés sur l’île de Lampedusa, devenue l’épicentre de l’arrivée massive de migrants ces dernières années.

Une fois à bord du navire militaire, un premier contrôle est effectué. Ensuite, les migrants sont transférés au port de Shengjin, au nord de l’Albanie, pour y être identifiés. Ils sont ensuite dirigés vers le centre de Gjader, situé sur une ancienne base militaire. Ce centre est équipé de préfabriqués de 12 mètres carrés, entourés de hauts murs et surveillés en permanence par des caméras et la police locale. Les migrants y resteront en détention administrative, sous la décision du préfet de Rome, en attendant que leur demande d’asile soit traitée.

Conformément au protocole, les autorités albanaises doivent rendre une décision dans un délai de 28 jours. En cas de réponse positive, les migrants seront ramenés en Italie pour y être installés dans des centres d’accueil. Dans le cas contraire, ils seront détenus en vue de leur expulsion vers leur pays d’origine.

Cet accord est une réponse à la pression constante sur les frontières italiennes. En parallèle, l’Italie a renforcé sa coopération avec d’autres pays d’Afrique du Nord, notamment la Tunisie et la Libye. Avec la Tunisie, Rome a conclu un partenariat prévoyant une aide économique en échange de mesures plus strictes pour limiter les départs des migrants. En Libye, un accord signé en 2017 avec le gouvernement de Tripoli, soutenu par l’ONU, a été renouvelé. Il permet à l’Italie de financer et former les garde-côtes libyens afin de contrôler les départs en mer.

La mise en place de ce dispositif en Albanie pourrait ouvrir la voie à la création de centres de rétention similaires dans d’autres pays non membres de l’UE, une idée qui pourrait être débattue lors du prochain sommet européen prévu à Bruxelles les 17 et 18 octobre.

Ces initiatives sont perçues par beaucoup comme des solutions temporaires à une crise migratoire de plus en plus complexe. Cependant, elles suscitent de vives critiques, notamment de la part d’organisations de défense des droits humains, qui dénoncent des conditions de détention sévères et des procédures d’asile accélérées au détriment des migrants.

MACKENSON SYLVAIN

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