L’ingérence culturelle et les cadeaux empoisonnés : un Noël à repenser pour Haïti et l’Afrique

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Chaque année, la période de Noël arrive avec son lot de traditions empruntées à l’Occident : décorations scintillantes, sapins illuminés, et surtout, cadeaux pour les enfants. Si offrir un jouet peut sembler anodin, il est crucial de s’interroger sur le choix de ces présents, notamment lorsqu’il s’agit d’armes-jouets pour les garçons ou de poupées hypersexualisées pour les filles. Ces objets, loin d’être neutres, portent en eux des valeurs qui influencent profondément les aspirations et comportements des enfants, façonnant leur vision du monde.

Dans les sociétés haïtiennes et africaines, où les blessures du colonialisme et de l’esclavage sont encore palpables, ces influences externes ne sont pas sans conséquences. Loin d’offrir des outils éducatifs ou créatifs comme des ordinateurs ou des livres, les cadeaux occidentaux qui envahissent nos marchés et nos foyers encouragent des idéaux troubles : la violence, la guerre, la superficialité, et un détournement des priorités.

Des jouets qui conditionnent des générations

Quand un enfant reçoit une arme-jouet, il ne s’agit pas d’un simple passe-temps. L’enfant assimile le maniement de la violence comme une forme de jeu, une compétence valorisée, presque un objectif. Dans un contexte comme celui d’Haïti, où l’insécurité et les gangs dominent, ce type de “jeu” prépare psychologiquement à l’acceptation de la violence comme norme. D’un autre côté, les poupées imposent souvent des modèles de beauté eurocentrés et des rôles genrés qui enferment les filles dans une quête de perfection physique au lieu de nourrir leur esprit critique ou leur ambition.

Ces cadeaux ne sont pas des actes d’innocence mais de diplomatie déguisée. L’Occident, qui prétend “aider”, continue en réalité à imposer une domination culturelle subtile. Ces objets, bien que modestes en apparence, renforcent une psychologie coloniale où l’enfant haïtien ou africain aspire à adopter les comportements, les modes de vie et les idéaux occidentaux, même si ces derniers sont destructeurs dans son contexte.

Une colonisation moderne par la psychologie et la diplomatie

Cette stratégie n’est pas nouvelle. Depuis des siècles, les anciennes puissances coloniales manipulent la perception des peuples colonisés à travers des outils culturels :

  • La diplomatie trompeuse : L’Occident parle de “paix” tout en promouvant des systèmes qui encouragent le désordre, le profit et la dépendance des anciennes colonies.
  • Le cinéma et les médias : Les productions occidentales décrivent souvent les Noirs comme des criminels, des sauvages ou des figures marginales, tandis que l’homme blanc est le héros, le sauveur. Cette imagerie construit une perception erronée qui perpétue le complexe d’infériorité des descendants d’esclaves.
  • Les productions matérielles : Les biens de consommation occidentaux, comme les jouets ou les gadgets électroniques, imposent des valeurs qui sont parfois incompatibles avec les besoins réels des communautés locales.

En Haïti, l’effet de cette colonisation culturelle moderne est tangible. La normalisation de la violence, exacerbée par des décennies d’instabilité politique et sociale, trouve ses racines dans une jeunesse exposée à ces influences dès son plus jeune âge. Comment rêver de construire une société stable si les enfants apprennent à valoriser la guerre avant la paix ?


Un Noël libérateur : repenser nos traditions

Pour briser ce cycle, nous devons réorienter les valeurs que nous transmettons à nos enfants, surtout à travers les symboles de Noël. Au lieu de distribuer des armes-jouets ou des poupées qui alimentent des idéologies destructrices :

  • Offrons des outils éducatifs, comme des livres qui racontent nos histoires, des ordinateurs pour éveiller la créativité et la curiosité scientifique, ou des jeux qui développent l’esprit d’équipe et l’innovation.
  • Enseignons à nos enfants à valoriser leur identité, leur histoire, et leurs rêves, plutôt que d’imiter un modèle occidental qui ne leur est pas destiné.
  • Revalorisons les traditions culturelles haïtiennes et africaines pour montrer que notre richesse réside dans notre diversité, notre résilience, et notre capacité à construire un avenir libéré de toute forme de domination.

Un souhait pour Haïti et l’Afrique : la liberté véritable

À Noël, nous devons également repenser ce que signifie la paix et la solidarité. Ce n’est pas un échange déséquilibré de cadeaux empoisonnés, mais un engagement sincère envers la justice, l’autonomie, et la dignité. Que ce Noël soit une période où nous rappelons aux peuples haïtien et africain que leur valeur ne dépend pas de l’Occident.

Aux enfants d’Haïti, nous souhaitons des rêves bâtis sur la paix, la créativité et l’espoir. Aux peuples africains, nous souhaitons une libération totale, non seulement économique, mais aussi psychologique et culturelle. Et aux nations occidentales, nous demandons de respecter l’humanité et l’autodétermination de ceux qu’elles ont longtemps cherché à dominer.

Ce Noël, faisons le choix de bâtir un avenir où nos enfants joueront à construire, à aimer, et à rêver – non à combattre. Car un peuple libéré dans son esprit est un peuple libéré pour toujours.

DIOSMAN STANLEY FLEURANT

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