Depuis plus d’une décennie, les festivités de fin d’année ne sont plus au rendez-vous. Le climat sécuritaire qui gangrène la majeure partie du territoire national plonge la population haïtienne dans une désolation complexe, et les contraint à éliminer l’esprit de fête dans leur imagination.
Autrefois, au mois de décembre, partout à travers les rues de la capitale, les lumières qui scintillaient et les couleurs éclatantes étaient d’une ampleur incommensurable. Les supermarchés disposaient de nombreuses décorations de Noël, sans oublier les marchands ambulants qui vendaient les produits les plus demandés. Ces traditions datant des siècles unissaient la population tout entière dans une effusion identique d’esprit de solidarité.
De plus, les familles se réunissaient dans une ambiance de convivialité pour s’adonner à des moments chaleureux dans un esprit de joie et célébrer la vie en abondance. Les stations de radio diffusaient des sons de Noël dès le début du mois de novembre. Dans de nombreux quartiers, les voisins et voisines nettoyaient leurs zones en offrant un air radieux à la festivité. Les bar-restaurants fonctionnaient sans relâche dans une ambiance exotique. Les places publiques étaient toujours remplies les 24, 25 et 31 décembre des années antérieures.
À quelques pas de la fin de 2024, l’ambiance qui régnait pendant les périodes festives de fin d’année n’existe plus. L’esprit de fête semble avoir disparu. Les stations de radio diffusent rarement des sons de Noël. La population haïtienne se retrouve sur une piste d’athlétisme, en pleine rue, ou dans des abris dans le but de s’échapper aux attaques perpétrées par les groupes illégalement armés qui continuent de semer la terreur dans la capitale haïtienne et ses zones voisines. Aucune décoration accompagnée de sapins de Noël, aucune liquidation de jouets, aucune ambiance.
Le regard de certains face à cette période
Beaucoup d’Haïtiens ne se rappellent même pas du mois de décembre, se retrouvant dans les rues de la capitale, et dorment à la belle étoile.
“Je ne sais même pas si on est au mois de décembre. J’ai perdu tout ce que j’avais. Les bandits m’ont contrainte à laisser ma maison. Je ne suis pas en fête. Je n’ai même pas de maison”, a lâché Maryse, l’une des rescapées de la commune de Gressier.
Au-delà des festivités, de nombreuses personnes saisissent cette occasion pour tendre la main aux plus démunis. Pour Jimmy, ce jeune musicien, les fêtes de fin d’année ne représentent plus rien. “Un peuple qui passe la fin de l’année hors de son domicile, sans le vouloir, ne peut pas penser à fêter”, a-t-il expliqué. À travers la capitale et d’autres villes de province, il n’y a aucun air festif. Certaines personnes passeront cette période sans la présence de leurs parents, de leurs proches, qui ont dû partir pour l’orient éternel. Les fêtes de fin d’année se déroulent sous les feux des balles, plongeant ceux qui vivent en Haïti dans une nostalgie sans fin.
En plus d’être une fête, la fin de l’année, c’est un moment de partage, de réflexion et de réjouissance qui unit la grande majorité. Ici, en Haïti, autrefois, c’était une période extraordinaire où la culture, les traditions et la spiritualité s’entremêlaient pour offrir une expérience identique.
Par ailleurs, la crise multidimensionnelle qui ronge le territoire haïtien a d’énormes répercussions sur la culture haïtienne. Le pays est plongé dans une atmosphère chaotique, d’où la coalition “Viv Ansanm” continue de terroriser la population haïtienne qui ne sait vers qui se tourner. La célébration des fêtes de fin d’année reste et demeure l’une des périodes essentielles dans la vie de chaque citoyen.