Le Premier ministre Najib Mikati critique l’implication de l’Iran dans les affaires internes

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Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a exprimé son mécontentement face à ce qu’il considère comme une ingérence iranienne dans les affaires internes du Liban. Ce désaccord a émergé suite aux déclarations d’un responsable iranien affirmant que Téhéran serait disposé à négocier un cessez-le-feu au Liban. Le chargé d’affaires iranien a été convoqué le vendredi 18 octobre pour fournir des explications à la suite de cette prise de position controversée.

Le chef du Parlement iranien, Mohammad Bagher Ghalibaf, a récemment déclaré dans un article publié par Le Figaro que l’Iran serait prêt à collaborer avec la France pour parvenir à un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah. Ce dernier, groupe armé pro-iranien, est actif au Liban et participe actuellement à un conflit avec Israël. Selon la résolution 1701 des Nations Unies, seule l’armée libanaise, épaulée par les forces de maintien de la paix de l’ONU, est autorisée à opérer dans le sud du Liban, une zone où se déroulent actuellement des affrontements. La déclaration iranienne a ainsi été perçue par Mikati comme une atteinte à la souveraineté du Liban.

Najib Mikati a fermement rejeté cette proposition iranienne, la qualifiant d’« ingérence flagrante » dans les affaires libanaises. Pour le Premier ministre, l’idée que l’Iran prenne en charge des discussions sur la sécurité au Liban est inacceptable, car cela porte atteinte à la souveraineté de son pays. Il craint également que cela fournisse un prétexte à Israël pour justifier ses actions militaires au Liban, en affirmant que ce dernier ne contrôle pas entièrement sa sécurité intérieure.

Le ministère libanais des Affaires étrangères a rapidement réagi, affirmant qu’il avait rencontré le chargé d’affaires iranien, Meysam Ghahrmani, pour réitérer la position du Liban. Beyrouth a insisté sur la nécessité de respecter la souveraineté et la sécurité du territoire libanais. Le Liban a souligné qu’il était déjà engagé dans des démarches diplomatiques pour faire appliquer la résolution 1701, dans le but de stopper l’agression israélienne.

Le politologue Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (CERMAM), a commenté cette situation. Selon lui, bien que les propos du responsable iranien aient pu être mal interprétés ou sortis de leur contexte, la réaction du Premier ministre libanais reste justifiée. Abidi souligne que la déclaration du chef du Parlement iranien remet en cause la souveraineté du Liban et peut être utilisée par Israël pour affirmer que le Liban ne maîtrise pas sa propre sécurité.

Pour le politologue, l’implication de l’Iran dans les affaires libanaises met en lumière l’absence prolongée d’un président au Liban, ce qui affaiblit le pays sur la scène internationale. En effet, sans président depuis deux ans, le Liban peine à maintenir une position unifiée et forte, permettant ainsi à des acteurs étrangers, comme l’Iran, de s’immiscer dans ses affaires.

Le contexte politique et sécuritaire au Liban reste extrêmement complexe, notamment avec la guerre ouverte entre Israël et le Hezbollah. La situation est exacerbée par l’absence de président au Liban et les divisions internes, qui affaiblissent la capacité de l’État à agir de manière souveraine et indépendante sur la scène internationale.

Mikati, qui entretient d’ordinaire de bonnes relations avec le Hezbollah, a adopté une position inhabituelle en critiquant ouvertement l’Iran. Cette réaction marque une rupture dans sa ligne politique habituelle et reflète les tensions croissantes au Liban, où la sécurité et la stabilité sont de plus en plus précaires.

MACKENSON SYLVAIN

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