La Fête des Mères en Haïti : Une Occasion d’Hommage et de Mérite

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Le mois de mai, consacré dans de nombreux pays à la célébration des mères, revêt une signification toute particulière en Haïti, où cette fête est observée le dernier dimanche du mois. C’est une période d’hommage, de reconnaissance et d’amour envers ces femmes exceptionnelles qui, dans l’ombre ou en pleine lumière, façonnent la société à travers leur dévouement inébranlable.

Une Tradition Ancienne

La fête des mères puise ses racines dans l’Antiquité grecque, où les peuples célébraient Rhéa, la déesse de la fertilité et mère des dieux, au printemps. Avec le temps, cette tradition s’est propagée et adaptée aux réalités culturelles de chaque pays. Aux États-Unis et au Canada, elle est célébrée le deuxième dimanche de mai depuis le début du XXe siècle. En France, elle est officialisée en 1950, et tout comme en Haïti, elle se tient le dernier dimanche de mai.

Le mois de mai, également surnommé « mois des fleurs », inspire naturellement les choix de cadeaux. Au Japon, ce sont les œillets rouges qui symbolisent l’amour maternel, tandis qu’aux États-Unis ce sont les lilas et les roses. En Haïti, les fameuses « fleurs des mères » sont de rigueur, portées avec une charge symbolique forte.

La Nostalgie d’une Époque

Autrefois, la fête des mères en Haïti était célébrée dans une ambiance joyeuse et pleine d’émotions. Dans les écoles, les enfants portaient fièrement des fleurs sur leurs vêtements : rouge ou rose pour les mères encore vivantes, mauve, blanc ou noir pour celles qui ont quitté ce monde. Les marchands ambulants vendaient ces fleurs et qui revêt d’une importance significative aux yeux des écoliers soucieux d’honorer leurs mères.

Rappelons que, les stations de radio diffusaient des chansons d’hommage dès le début du mois, et dans chaque coin du pays, les festivités prenaient des formes diverses. Les mères recevaient également des cartes, parfois faites à la main, témoignant de l’amour et du respect de leurs enfants.

Par contre, tout le monde ne goûtait pas à cette joie. Ceux et celles qui ont grandi sans mère ou sans souvenir d’elle ressentent, en cette période, une douleur atroce. Et pourtant, cette fête leur rappelle aussi la force qu’ils portent en eux.

L’Insécurité, Un Frein à la Célébration

Aujourd’hui, l’insécurité grandissante assombrit cette journée qui, jadis, unissait les cœurs. De nombreuses familles vivent déplacées, fuyant les violences des groupes armés. Certaines mères sont décédées dans des circonstances tragiques, d’autres ont perdu leurs enfants. Les routes sont impraticables, les quartiers sont déserts, et la peur y règne.

Dans ces conditions, célébrer devient un luxe. Pour ceux dont les mères vivent dans des zones reculées ou dangereuses, la distance devient un gouffre difficile à combler. Le pays, pourtant doté d’un Conseil Présidentiel de Transition (CPT), peine à restaurer un climat de sécurité propice aux retrouvailles et aux festivités.

Une Célébration Qui Traverse les Frontières

Dans la diaspora haïtienne, la tradition perdure. Les mères, bien que loin de leurs enfants, reçoivent appels, messages et marques d’attention qui ravivent en elles la flamme du souvenir et de l’amour. L’absence physique se comble parfois par un simple appel, capable de transformer les larmes en sourire.

Cependant, en Haïti, la précarité économique complique les choses. Nombreuses sont les mères qui vivent dans des abris temporaires, chez des proches ou dans des conditions indignes. Pourtant, leur courage et leur résilience restent inégalés.

Honorer Nos Mères Chaque Jour

Malgré les épreuves, les mères demeurent des piliers, des repères, des phares dans la nuit. Leur rôle dépasse le cadre d’un seul jour de célébration. Elles portent le fardeau des responsabilités sans jamais se plaindre, protègent, nourrissent, éduquent, et inspirent.

En dépit de tout, il est essentiel de les honorer au quotidien, de leur témoigner notre gratitude et notre amour. Si vous avez encore la chance de pouvoir prendre votre mère dans vos bras, considérez cela comme un privilège. À ceux qui n’ont plus que des souvenirs, puisez dans ces moments passés la force de continuer.

Jane Bendjine Snezard ACHILLE

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