L’élection présidentielle américaine est unique, reposant sur un système indirect qui s’appuie sur les « grands électeurs » du Collège électoral. Ces 538 délégués, pour la plupart des élus et responsables locaux des partis politiques, représentent l’essentiel de ce processus complexe. Bien que leurs noms ne figurent pas sur les bulletins de vote, ils jouent un rôle crucial pour décider du futur président. La répartition des grands électeurs entre les États est déterminée par la population : chaque État a autant de grands électeurs que d’élus à la Chambre des représentants (basé sur sa population) et deux sénateurs. Ainsi, la Californie compte 55 grands électeurs, tandis que le Vermont, l’Alaska, le Wyoming et le Delaware n’en ont que trois.
Le Collège électoral est un système qui remonte à la Constitution de 1787. Les pères fondateurs ont imaginé ce compromis entre un vote direct et une élection par le Congrès, qu’ils jugeaient insuffisamment démocratique. Ce système a suscité des débats et des propositions de réforme au fil des ans, mais aucune initiative n’a réussi à le modifier.
Le principe du « gagnant rafle tout » domine dans la plupart des États : le candidat qui remporte la majorité des voix obtient tous les grands électeurs de cet État. Cependant, le Maine et le Nebraska se distinguent en répartissant leurs votes de manière proportionnelle. Ce système peut ainsi permettre à un candidat de devenir président tout en ayant obtenu moins de voix que son adversaire, comme ce fut le cas pour Donald Trump en 2016 et George W. Bush en 2000.
En 2016, Trump a recueilli 306 voix de grands électeurs, malgré une opposition massive et près de trois millions de voix de moins que Hillary Clinton. Des « électeurs infidèles », c’est-à-dire ceux qui ne respectent pas le vote populaire de leur État, existent, bien que leurs actions ne modifient généralement pas le résultat final. Depuis une décision de la Cour suprême en 2020, certains États peuvent même sanctionner ces électeurs s’ils vont à l’encontre de la volonté populaire.
Les grands électeurs se réunissent traditionnellement en décembre pour voter, et le Congrès déclare officiellement le résultat le 6 janvier. Toutefois, le public connaît généralement le résultat dès la soirée électorale en novembre. Ce système unique continue de faire débat aux États-Unis, avec des partisans et des détracteurs qui s’interrogent sur sa pertinence dans une démocratie moderne.