Le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) a rapporté un massacre d’une ampleur inédite survenu le week-end dernier à Wharf Jérémie, situé dans la commune de Cité Soleil. D’après leurs déclarations, un minimum de 110 personnes, principalement des adultes âgés d’environ 60 ans, ont été assassinées par les membres d’un gang dirigé par un chef surnommé “Mikanò”.
Ce drame serait lié, selon l’organisation, à des croyances superstitieuses. En effet, après qu’un enfant soit tombé gravement malade, Mikanò aurait consulté un prêtre vaudou, connu sous le nom de “bòkò”, qui lui aurait révélé que la maladie de l’enfant était causée par des “lougawou” (sorciers réputés pour s’en prendre aux enfants). En représailles, Mikanò et ses hommes ont alors perpétré une tuerie d’une violence extrême, utilisant des armes à feu, des machettes et des couteaux pour exécuter leurs victimes.
La série d’attaques a débuté le vendredi 6 décembre, où 60 personnes ont perdu la vie, et s’est poursuivie le dimanche suivant, faisant 50 nouvelles victimes. D’après le RNDDH, de nombreuses victimes étaient des figures influentes et respectées de la communauté locale. Tragiquement, l’enfant malade est décédé malgré ces actes de vengeance.
Dans un autre rapport, Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, a précisé que le week-end dernier a été particulièrement meurtrier dans la région de Cité Soleil. Selon ses informations, un total de 184 personnes auraient perdu la vie à cause des violences commises par différents gangs dans cette même zone.
Lors d’une conférence de presse tenue ce lundi 9 décembre depuis Genève, Volker Türk a déploré l’augmentation constante du nombre de victimes en Haïti. Il a souligné que les violences armées survenues cette année ont déjà coûté la vie à environ 5 000 Haïtiens, une situation qu’il qualifie d’”intolérable et alarmante”.
Le massacre de Wharf Jérémie illustre une fois de plus l’état de délitement sécuritaire en Haïti, où les bandes criminelles imposent leur loi et utilisent la terreur pour asseoir leur pouvoir. Les autorités locales et internationales sont appelées à intensifier leurs efforts pour enrayer cette spirale de violences, qui affecte profondément les populations civiles et exacerbe une crise humanitaire déjà critique.
Alors que la communauté internationale continue de dénoncer ces crimes, les habitants de Cité Soleil restent confrontés à un quotidien marqué par l’insécurité et l’absence de justice. Le RNDDH appelle à une enquête approfondie et exhorte les autorités haïtiennes à prendre des mesures concrètes pour rétablir l’ordre et protéger la population.